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Paul Guihard
Paul Guihard
Mon, Mar 27, 2023
La tribune des influenceurs

La tribune des influenceurs

Que doit-on retenir ?

Les termes d’ “influenceur” et d’ “activité d’influence commerciale” ainsi que d’ “agence d’influenceurs” ont été définis juridiquement

La rédaction de contrats est maintenant obligatoire, quelle qu’en soit la forme

Un “guide de bonne conduite” ainsi qu’un “arsenal législatif” ont été mis en place pour responsabiliser les créateurs de contenus concernés par ce marché


Comme cité sur ce tweet, voici les points majeurs : 


  • La promotion d'alcool, de produits financiers ou de paris sportifs sera strictement encadrée.
  • La promotion de la chirurgie esthétique sera interdite.
  • Les influenceurs de -16 ans ans seront plus protégés : 
  • Les parents devront obtenir une autorisation administrative pour avoir le titre d'influenceur.
  • 90% de l'argents gagné grâce au réseaux sociaux seront bloqué jusqu'à leur majorité.
  • Les filtres et retouches sur des posts sponsorisés devront être signalés 
  • Il sera obligatoire lors de promotions ou collaborations de prévenir sa communauté de l'utilisation de filtres, de retouches sur les publications pour plus de transparence.
  • @SignalConso est le site  pour les plaintes de pratiques frauduleuses des influenceurs.
  • Une brigade de l'influence sera créée au sein de la Direction Générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
  • Les Sanctions seront renforcées 
  • Un influenceur qui ne signalera pas qu'une publication est sponsorisée risquera jusqu'à 2 ans de prison et 300 000€ d'amende.
  • La justice sera plus ferme et pourra faire fermer le compte d'un influenceur qui ne respecte pas la loi.


Y voyant une menace pour leur activité, 150 des ces influenceurs ont signé une tribune mise en avant par l’UMICC, Union des Métiers de l’Influence et des Créateurs de Contenu lançant une alerte sur cette régulation. Ils demandent aux députés de ne pas “casser leur modèle”

La contestation de cette réforme, jugée louable (la contestation, pas la réforme) voire nécessaire pour la majorité des opinions exprimées sur Twitter, est pour ainsi dire mal passée… 

Face au drama, les influenceurs réagissent petit à petit. Certains, comme Dr Nozman ou Squeezie, avouent avoir signé sans lire la réforme, avoir mal lu celle-ci, ou avoir été mal informés quant à son contenu.

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Seb la Frite annonce ce matin sur France Inter “On a tous globalement signé un truc avec deux/trois échanges WhatsApp, ce qui est la honte pour nous parce qu'on passe un peu pour des cons" #le9h10inter

L’UMICC a également réagi ce matin avec un tweet :

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D’autres comme Gotaga ou Cyprien affirment n’avoir tout bonnement jamais signé ce papier. 

Ces réactions suscitent l’indignation du public et font remonter d’autres soucis de communication liés à certains influenceurs. Karnage (responsable de production d’événements live) fustige lui-même l’incapacité de certains des signataires de la tribune à “lire un whatsapp de plus de 3 lignes” sur la base d’expériences professionnelles 

Dans l’ensemble, aucun des influenceurs ayant réagi à la tribune de près ou de loin n’osera s’exprimer en dehors de l’opinion du grand public : Le secteur a besoin d’être régulé au vu des dernières dérives (Magali Berdah et consorts), et essayer de contester cette proposition revient à faire publiquement le choix de conserver ce status quo potentiellement dangereux.

Cette remise en question du régime de l’influence et de sa place au sein de l’environnement commercial arrive en pleine période de tensions socio-économique sur le territoire. L’absence de réaction de beaucoup d’influenceurs sur les questions liées à la réforme des retraites. En effet, beaucoup de Twittos finissent par mettre en parallèle la rapidité d’action des influenceurs à protéger leur activité et leur silence radio sur les questions politiques qui soulèvent le pays depuis ces dernières semaines, malgré leur pouvoir pour mobiliser des communautés. 


À quoi s’attendre, alors ?

Probablement une défiance encore plus grande à l’égard des influenceurs escrocs (concernant en majorité les secteurs régulés par le texte, tabac, alcool, skincare, chirurgie etc.) de la part du public, dans un premier temps. Dans un second temps, une meilleure identification des influenceurs problématiques, un reporting / signalement mieux pris au sérieux, des sanctions mieux définies et donc plus dissuasives. 

D’aucuns pensent que c’est un sujet presqu’exclusivement B2B, et que ce sera très vite oublié, dans la mesure où, pour beaucoup de consommateurs de contenu, la considération des influenceurs se limite au contenu qu’ils proposent, pas à ce qu’ils vendent. 

À l’inverse, certains consommateurs désespérés, à qui l’on propose une solution miracle (crème anti acné, anti-âge, …) se rapprocheront de désinfluenceurs, ces curateurs qui proposent aux consommateurs des alternatives moins onéreuses à des produits trop chers. Ceux qui seront les plus révoltés par cette histoire mais qui restent en quête d'icônes et de leaders d'opinion se tourneront vers les “genuinfluencers”, cette frange d'influence qui cherche à promouvoir des idées plutôt que des produits. 

Pour aller plus loin et recueillir les différentes interventions des concernés, n’hésitez pas à aller check ce thread